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CT : Ce décalage entre l’attrait fantasmé de notre société pour les technosciences et nos travaux se trouve amplifié par la vulgarisation parfois simpliste des avancées technologiques. Un certain sensationnalisme extrapole les résultats scientifiques et suscite des débats passionnés au sein même de la communauté des chercheurs sur l’« homme augmenté », alors que nous n’en sommes qu’à essayer de le « réparer ». Face au discours engagé de certains groupes transhumanistes et technophiles qui prônent le dépassement de notre condition biologique, voire notre prochain saut dans « une singularité technologique », nous devons revenir aux réalités du chercheur et des personnes appareillées qui ne sont pas des « hybrides » ou des hommes-machines. Car l’une des conséquences de ce décalage est de susciter chez les patients amputés une perception biaisée de la réalité technique qui est bien en deçà des représentations imaginaires : il n’existe, parmi les prothèses corporelles disponibles actuellement, rien de permanent, rien de « fusionné » avec le corps ni rien de réellement contrôlable par la « pensée ».
S : CNRS – https://lejournal.cnrs.fr/billets/le-mythe-de-lhumain-augmente (consulté le 23.04.2016)
N : 1. singularité (nf) : Emprunté au bas latin singularitas « fait d’être unique »; grammaire « nombre singulier ; unité », latin chrétien « unité (de la divinité); singularité, caractère singulier, exemplaire (d’une vertu) » ; dérivé de singularis (singulier*).
technologique (adj) : Dérivé du mot « technologie » (du grec ancien teknos « technique » et logos « étude ») et du sufixe « -ique » (pour former des adjectifs ; une grande partie des mots français en -ique, notamment les noms féminins de sciences (comme mathématique, physique, technique), sont directement empruntés aux mots latins correspondants, eux-mêmes généralement empruntés au grec).
2. Le concept de « singularité technologique » décrit un instant qui inscrit une rupture d’échelle dans l’évolution de notre progrès technologique.
Ce terme fait clairement référence à la singularité gravitationnelle engendrée par un trou noir en cosmologie et à la notion connexe de déformation puis de discontinuité de l’espace-temps aux abords immédiats de ce trou noir.
À compter de cette date ou de cet événement, notre croissance technologique changera brusquement d’échelle, de plusieurs ordres vers le haut, le progrès, les découvertes scientifiques seront le fruit de forces et d’énergies non humaines ou posthumaines, issues de l’intelligence artificielle (IA).
Cette notion de singularité a été introduite au début des années 1950 par le mathématicien John Von Neumann puis développée durant les années 1960 par Alan Turing et Irving John Good. Elle a inspiré de nombreux scientifiques comme Carl Sagan et de nombreux auteurs de science-fiction durant ces trente dernières années. Elle se réactive régulièrement lors d’annonces d’innovations technologiques majeures (robotiques, biotechnologiques ou autres).
3. Le concept de singularité technologique est intimement lié à la technologie et particulièrement à l’intelligence artificielle. La loi de Moore prédit que la puissance de calcul des processeurs double tous les 18 mois environ. En partant de ce postulat, on pourrait conclure que l’intelligence artificielle, bridée par la vitesse de calcul, devrait elle aussi évoluer de façon exponentielle jusqu’à peut-être dépasser l’intelligence humaine.
4. Cette idée est défendue par certains, notamment Raymond Kurzweil, fondateur de la Singularity University et directeur de l’ingénierie chez Google. Néanmoins, selon Jean-Claude Heudin, la qualité d’une intelligence artificielle n’est pas définie uniquement par sa puissance de calcul. De plus, la loi de Moore étant invalidée depuis 2004, cette singularité technologique ne serait pas pour tout de suite.
5. Interrelation culturelle : « Ava “dépasse” son créateur, affirme l’informaticien Jean-Gabriel Ganascia, le film Ex_Machina (2015), réalisé par Alex Garland, renvoie donc aussi à une thématique à la mode : la singularité. » La singularité, c’est ce moment hypothétique qui verrait la croissance technologique accéder à un ordre supérieur. Il s’agirait d’intelligences artificielles (IA) dépassant les humains qui les ont créées. À partir de là, les machines pourraient prendre le pouvoir, se réparant et s’auto-engendrant elles-mêmes. La thématique est riche : la science-fiction (SF) en a fait son pain quotidien. Et Skynet, l’IA qui décide de construire une armée de robots terminators dans les films de James Cameron, lui doit absolument tout…
S : 1. CNRTL – http://www.cnrtl.fr/etymologie/singularit%C3%A9 ; http://www.cnrtl.fr/etymologie/technologique (consulté le 23.04.2016) ; http://www2.ac-lyon.fr/etab/colleges/col-69/kandelaft/site_techno/lexique/etymologie.html (consulté le 24.04.2016) ; http://www.lerobert.com/le-robert-illustre/pdf/dictionnaire-des-suffixes.pdf (consulté le 24.04.2016). 2. https://www.contrepoints.org/2014/09/19/181284-singularite-technologique-lavenir-de-lhumanite (consulté le 23.04.2016). 3 et 4. http://www.futura-sciences.com/videos/d/interview-quest-ce-singularite-technologique-2485/ (consulté le 23.04.2016). 5. CNRS – https://lejournal.cnrs.fr/articles/ava-le-robot-qui-nous-calculait-trop (consulté le 23.04.2016).
SYN :
S :
RC : intelligence artificielle, intelligence computationnelle, interface homme-machine, Internet des objets, robot.